Quand j'étais petite, mon père me disait souvent Tu es ma merveilleuse petite princesse et un jour, ton prince charmant viendra ! Mais il a intérêt à venir sur un beau pur-sang parce que je risque pas d'accorder ta main à n'importe quel gros lard ! . Je pense que j'aurai dû lui parler de Duke avant de tomber complètement amoureuse. Quelle gamine ai-je été pour fréquenter un tel imbécile ? Il était complètement accro à Megan, LA fille que tout le monde veut dans son lit, à son bras. Elle avait des cheveux bouclés et d'un blond vénitien presque divin. J'étais une pauvre sous-merde à côté d'Elle. Genre, j'avais la bouche pleine de ferraille, un vrai chemin de fer, et des grosses lunettes aux verres très épais, des culs-de-bouteille. J'étais affreuse et tout le monde me pointait du doigt en rigolant à l'époque. Je n'avais aucun ami. Moi, je n'avais d'yeux que pour lui et lui, il ne me calculait même pas.
Puis vint ce jour où je reçus une invitation à l'anniversaire de cette Marie-couche-toi-là ultramégapopulaire. J'ai cru avoir un infarctus. Moi ? Invitée chez la reine de l'école primaire ? ça devait être impossible ! Je m'y suis donc rendue après m'être correctement habillée -je me souviens de cette robe orange complètement dégueulasse que m'avait cousue ma mère pour l'occasion. Puis le rêve est devenu réalité : au milieu de tous les enfants courant dans tous les sens, lui, le plus beau, avec sa drôle de coiffure et son sourire de tombeur. A huit ans, j'étais déjà folle amoureuse de Duke. Après trois verres de soda, je commençais à me lâcher et je remarquai par la même occasion la présence de tous les gamins de l'école. - finalement, j'étais pas si privilégiée que ça. Je me souviens avoir pris mon courage à deux mains pour lui adresser la parole et finalement, je lui ai fait un bisou sur la bouche avant de me faire pipi dessus. Il restait complètement muet alors que tout le monde autour de nous éclatait de rire.
ô, comme je hais le monde.
Ça n'a fait qu'engendrer trois milliards de mauvaises choses dans ma vie, mais la pire de toute fut la rencontre de ce qui deviendra ensuite mon mari : Thomas le gros lard Parkinson, au lycée. J'étais alors un peu plus féminine. C'était l'époque des jupes longues et des pulls synthétiques - ce qui était déjà mieux que les robe-citrouille mouillée ! Je commençais à prendre soin de mes cheveux et à traîner avec les poètes, à traîner avec des gens ! C'était vraiment une grande avancée et parmi eux, un mec trop zen qui bouffait des fleurs. Il me parlait de la beauté des courbes masculines. Il me parlait du très sexy -à l'époque- joueur de football. Je crois qu'il l'aimait, il écrivait pas mal de trucs sur un amour impossible et ses poèmes parlait de chibres très souvent. Enfin bref, tout ça pour dire que j'ai fini par... le fréquenter. Je sortais pas vraiment avec lui, pas officiellement en tout cas. J'étais peut-être trop laide pour qu'on affiche notre amour. Vous me trouvez laide ? Enfin, on s'est séparé au bout de deux-semaines. Pour se remettre ensemble quelques mois plus tard, quand j'ai décidé de me lever et d'être belle. D'abord, je me suis dit Tu peux avoir n'importe qui ! Mais je suis retombé dans ses bras et en quittant le lycée -j'étais major de promotion, on applaudit bien fort-, on s'est marié. Quelle merde ! Quelle grosse merde ! C'était la pire décision de ma vie ! J'ai vu la bague, j'ai crié Oui ! Franchement, j'aurais dû y réfléchir. Puisque ça n'a vraiment pas marché. Il m'a trompé avec une jeune fille, de votre âge environ, même yeux... même bouche... BREF. C'était la fille de ma voisine, je vous raconte pas l'horreur. En plus de ça, j'étais enceinte et moi qui attendais cette enfant depuis des siècles ! Eh bien, c'était pour ma gueule, si j'avais été plus intelligente, j'aurais fait les bons choix depuis le début... Je l'ai pas eu cet enfant ! Vous, votre gamin, il est bien mignon et le mien, il est où ? Dites-moi !

---

Elle craque.
-Madame, en fait, je voulais juste vous dire que votre chaise était sur mon manteau.
-Ah oups, désolée, excusez-moi !